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    LES INONDATIONS DU 14 JUIN 1957 EN MAURIENNE
    par Georges JENNY
    © 2010
    Sauf mention contraire, photos SNCF (Pôle Ingéniérie de la Direction Régionale de Chambéry)
    Cliquez sur une photo pour l'agrandir

    Carte d'identité du torrent

    Nom
    - l’Arc
    Lieu de naissance
    - à la frontière Franco-Italienne, au glacier de Levannas, à 2500 mètres d’altitude.
    Nature
    - torrent alpestre de la vallée de la Maurienne.
    Longueur
    - 127 km, se jette dans l'Isère, près de Saint Pierre d'Albigny, au lieu dit : Pont Royal.
    Nature du lit
    - provient de montagnes formées de schistes et de roches cristallines se délitant facilement. Erosion et ruissellement y sont intenses.
    Pente moyenne
    - 19 mètres au kilomètre entre Modane et Saint Michel de Maurienne 13 mètres au kilomètre entre Saint Michel et Saint Jean de Maurienne 13 à 5 mètres au kilomètre, entre Saint Jean et Pont Royal.
    Débit
    - à Hermillon (près de Saint Jean) à l'étiage : 13,9 m³, en eaux ordinaires : 22,6 m³ et en forte crue : 630 m³.
    Signe particulier
    - calme de nature mais sort facilement de son lit lors de la fonte des neiges de printemps avec de fortes précipitations. Refuse de partager le fond de la vallée avec la route et la ligne de chemin de fer !

    Ses colères

    Historique des crues enregistrées depuis février 1440 :
    février 1440, août 1469, 1680, 1685, 1689, septembre 1733, décembre 1740, juin 1746, novembre 1774, mai 1775, juillet 1778, août 1780, novembre 1781, mars 1782, juin 1787, juillet 1790, juin 1800, juillet 1816, 1821, 1824, août 1834, mai 1836, juin 1837, novembre 1838, juillet 1844, juin 1845, octobre 1846, mai 1847, juin 1848, 1849, août 1851, 1852, mai 1856, novembre 1859, septembre 1860, août 1863, septembre 1866.
    17 août 1868
    - chemin de fer Fell et route emportés entre La Saussaz et les Sorderettes. Ligne du chemin de fer Victor Emmanuel coupé en différents points sur 1 500 mètres aux abords du pont des Reisses.
    3 octobre 1868
    - crue considérable, l’eau atteint le premier étage des maisons du village des Reisses. Deux brèches de 200 mètres se sont ouvertes en amont et en aval du pont du chemin de fer.
    Mai 1869
    - une nouvelle crue endommage les maçonneries fraîchement exécutées.
    Juin 1876
    - craintes très sérieuses de voir l'Arc passer dans le tunnel de Saint Julien.

    (suite)

    Juillet 1881
    - la tête de la digue gauche en amont du pont des Reisses emportée sur 15 mètres de large.
    Août 1888
    - la digue gauche aval du pont des Reisses est emportée sur 55 mètres.
    Juin 1908
    - 0,80 mètre d'eau dans le souterrain du Chemin Fell. La digue amont gauche du pont des Reisses est renversée sur 18 mètres de longueur. Le remblais de la gare d’Aiguebelle est emporté.
    Débit de l'Arc lors de cette crue : 1 000 m³/s.
    24 septembre 1920
    - crue importante de l’Arc, les voies sont emportées en 5 points entre Saint Julien et Modane. La circulation est rétablie, en provisoire, le 2 octobre.


    Au cœur de la ville de Modane, au petit matin, l’Arc en furie qui est sorti de son lit, dévale toujours l’avenue Jean Jaurès, causant d’énormes dégâts aux commerces et aux habitations.
    La brèche dite de « La Saussaz »
    Km 222,035 à 222,175.
    La brèche dite de « la scierie Guigaz »
    Km 220,870 à 220,980

    L’Arc a coupé à la fois la N6 ainsi que la ligne de chemin de fer. Il entraîne une partie du remblai établi à flan de coteau en créant une brèche de près de 100 m et emporte la culée du passage inférieur ...

    ... ainsi que le tablier sous la voie un. Les fours de l’usine Péchiney explosent, provocant d’importants dégâts aux installations. 14.000m³ de remblais seront déversés afin de rétablir les 2 voies.

    L’Arc arrache le remblai, haut à cet endroit de 6 m, sur une longueur de 110 mètres et s’engouffre dans la ville qu’il recouvre au passage de 0,60 m de limon. 8.900m³ de remblais seront utilisés pour rétablir la digue et les voies.

    Le pire a été évité grâce au Maire de Saint Michel qui, en rassemblant toute la population, a réussit, par des barrages en gabions, à repousser une partie de l’Arc, réduisant ainsi la durée de l’inondation de la ville.

    Le mécanisme des crues

    Au printemps, à partir d’avril ou de mai suivant les années, l’Arc qui en hiver ne débite pas plus de 15 à 20 m³/seconde, commence à grossir par suite de la fonte des neiges pour atteindre son débit d’été qui est de l’ordre de 200 m³/seconde.

    Si à ce moment, de fortes précipitations se produisent sur le bassin versant et si un réchauffement important de la température les accompagne, la crue a lieu.


    La brèche dite de « l’usine Renault » en gare de Saint Michel. Au plus fort de la crue. Le lit normal de l’Arc est situé à 200 mètres sur la gauche. Après avoir traversé la ville, une partie de l’Arc regagne sont lit parasite en traversant les voies. Il les déplacent sur une longueur de 200 mètres et emporte le remblais. 3.800m³ de remblais seront utilisés pour rétablir les voies principales ainsi que 2.000 m³ pour la réfection des voies de service de la gare.

    Le tunnel de Saint Julien (vue côté Modane). La route nationale n° 6 est emportée, plus que quelques mètres de remblais à enlever et l’Arc entier pourrait s’engouffrer dans le tunnel. Une brèche en amont permet pourtant à une partie du courant de traverser le tunnel. A la sortie, les eaux basculent les voies, emportent le remblai sur environ 300 mètres.
    La crue de juin 1957
    En juin 1957, le mécanisme de la crue de printemps a joué à plein. Dans les journées du 12 au 16 juin, les orages violents se succèdent sans arrêt et déversent d’énormes quantités d’eau jusqu’à une certaine altitude et de la neige au dessus. On relève, sur la Haute Maurienne, des précipitations allant jusqu’à 330 mm. De surcroît, le vent du sud extrêmement chaud, le Foehn, qui sévit en même temps que les orages sur la neige en pleine période de fonte en accélère encore la fusion. Cet afflux d’eau est tel que le lit majeur habituel de la rivière est incapable de le recevoir et ceci jusqu’au point où la plaine s’élargit.
    Le débit de l’Arc a atteint
    900 m³ par seconde.
    L’inondation de la vallée a prit un caractère particulièrement destructeur aussi bien dans les parties resserrées où la vitesse de l’eau est déjà grande en temps normal et où la rivière a tout arraché sur son passage, que dans les parties élargies où la rivière a déposé une énorme masse de limon et détritus divers que le courant ne lui permettait plus d’entraîner.


    L’inondation

    Le 14 juin 1957, à 2 heures du matin, les sirènes alertent les habitants de Modane et de Fourneaux. Il est trop tard, la ville est rapidement envahie par les eaux. Le drame s’est mis en marche.

    En Haute Maurienne, la vallée ainsi que les villages de Bessans et Lanslebourg sont déjà dévastés.


    Destructions et reconstruction de la ligne de chemin de fer

    Une fois Modane sous les eaux, l’Arc continue ses ravages en direction de la basse vallée.

    Les Reisses
    La brèche dite « du pont des Reisses » au Km 212.377. Le 14 juin, en fin de journée, les flots font « exploser » la digue de protection du village des Reisses. L’Arc s’engouffre tout entier dans la brèche en se créant un nouveau lit. Au passage, il ravage les maisons du hameau, emporte le remblais sous les voies sur une longueur de plus de 400 mètres. 7.200 m³ seront nécessaires pour rétablir, en situation provisoire, la voie un.

    Mille deux cents m³ seront encore nécessaires pour la situation définitive de la voie un. 9.000 m³ seront nécessaires pour rétablir en situation définitive la voie deux.

    Au plus fort de la crue, la digue supérieure a cédé, les 900 m³/seconde de l’Arc traversent le village. L’Arc regagne ensuite son lit en coupant à nouveau les voies près de l’entrée du tunnel de Villargondran, arrachant les voies sur 140 mètres environ.

    Maisonnette du PN. La crue s’éloigne, mais au passage emporte le terrain ainsi que la maisonnette du garde du passage à niveau du village des Reisses.

    Après avoir détruit le village, pour regagner son lit naturel, l’Arc coupe à nouveau la ligne de chemin de fer, juste avant la tranchée précédent le tunnel de Villargondran (tête côté Modane) Les voies sont arrachées sur environ 400 mètres.

    Une vue prise en hauteur, au lieu dit « du Bochet » laisse entrevoir l’étendue des dégâts au niveau du village des Reisses. La digue rompue est visible à gauche du pont métallique, au centre de la photo.

    Brèche au hameau des Reisses. Colmatage de la brèche

    Brèche du hameau des Reisses. Les engins de chantier reconstituent le remblai. En arrière plan, les restes éventrés des habitations du village, heureusement évacuées à temps !

    3.400 m³ sont utilisés pour rétablir la voie 1 en situation provisoire. 8.500 m³ seront nécessaires pour établir la voie 2 en situation définitive. 4.500 m³ supplémentaires pour achever le remblai définitif de la voie 1.

    Hameau des Reisses. La reconstruction : travaux de pose de la voie 2.

    Document rare à plus d'un titre: clip vidéo d'une 2CC2 3400 en tête d'un train de voyageurs aux Reisses.
    Durée: 15 secondes. Taille: 1,2 Mo
    Document de Jean-Christophe DURIEUX.

    Tunnel de Villargondran

    Tête côté Modane.
    Travaux de repose des voies à la sortie du souterrain, au niveau de la coupure du hameau des Reisses.

    Tête côté Saint Jean de Maurienne.
    Une partie de la crue est passée par le tunnel. Il est partiellement comblé par les alluvions. Les voies sont déchaussées sur environ 300 m. Afin d’éviter une nouvelle inondation de la ville de Saint Jean de Maurienne, le Génie Militaire a obstrué la tête du souterrain.

    Tête côté Saint Jean de Maurienne.
    Travaux de déchargement du rail conducteur avant remise en place dans le tunnel.

    Brèche dite du « passage supérieur des Plans » Km 210,317

    Après avoir traversé le tunnel, l’Arc tente de regagner son lit naturel. Il arrache plus de cent mètres de voies et emporte une hauteur de deux à trois mètres de remblai.

    Une partie du flot s’engouffre sous le pont, suit la voie et la route en direction de la ville de Saint Jean de Maurienne. 2.500 m³ seront nécessaires pour la remise en état des voies.

    St-Jean de Maurienne

    L’état des voies principales en face du dépôt. Au fond, le passage supérieur dit « des Plans ».

    Au dépôt, les voies ainsi que les installations sont recouvertes d’une épaisse couche de limon. Le pont tournant est inutilisable !

    Tête du faisceau côté Chambéry. Sur le plat, le courant de l’Arc devient de moins en moins violent. Il inonde et recouvre de limon la partie basse de la ville, les voies du dépôt et celles du triage et s’écoule lentement vers la gare.

    Poste 2: nettoyage des appareils de voies juste avant l’embranchement Péchiney. Entre 0,50 et 0,60 m de limon ou détritus divers recouvrent les voies. Les travaux de déblaiements s’effectuent à la main.

    Les travaux de remise en état

  • Quatre mille cinq cents mètres de voies sont détruites et donc à reposer, idem pour le rail conducteur.
  • 91.700 m³ de remblais seront à rapporter à l’aide de trains de travaux,
  • 12 pelles mécaniques de 250 à 1.000 litres,
  • 8 bulldozers,
  • 23 camions de 10 à 25 tonnes,
  • 1 tracteur,
  • 3 dumpers
  • et 3 compresseurs.

    Chaque jour, et jusqu’au 16 juillet, 450 agents de la SNCF et 500 ouvriers d’entreprises seront employés sur les différents chantiers.

  • Lieu dit « la plaine d’Hermillon » Km 205,700 à 206,600. Le lit naturel de l’Arc se trouve à 200 m, à droite de la photo. L’Arc coupe à deux reprises la ligne de chemin de fer. Sur 900 m le ballast est emporté, le remblai partiellement écrêté et profondément attaqué sur les deux flancs. 200 m³ seront utilisés pour la remise en état des voies. A partir de cet endroit, la plaine s’élargit, l’inondation devient moins destructrice et ne retouche plus les installations ferroviaires.

    Reprise des circulations :

    20 jours après le début de la catastrophe, le 4 juillet 1957, la circulation est rétablie sur les deux voies, sauf entre Saint Jean de Maurienne et Saint Julien (la brèche des Reisses est la plus importante) où il s’effectue en voie unique. 10 jours plus tard, le tronçon à voie unique est supprimé et l’ensemble de la ligne est exploité de bout en bout sous le régime de la double voie.

    A noter que, grâce à la rusticité du 3ème rail, les voies sont utilisées immédiatement en traction électrique.
    Georges JENNY - 2007
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